Phobie signifie peur et peur comprend dans sa racine l'indo-européen -pat, qui signifie frapper, abattre. Nous pourrions dire que les peurs nous abattent et que nous sommes quotidiennement battus par la phobie. Ce n'est pas un bon début pour un monologue comique.
Le rire, cependant, est le langage dont nous avons besoin pour aborder l'un des sujets les plus actuels, les plus difficiles et les moins discutés de ce moment historique : la peur en tant que gouvernail social. Nous sommes passés en un clin d'œil du « N'ayez pas peur » de Jean-Paul II au « Restez chez vous », du « Tout ira bien » à l'attente vigilante. Depuis l'époque du croque-mitaine, chaque année, un nouveau sujet est produit qui doit nous mettre dans sa peau.
Quand j'étais enfant, il fallait avoir peur de Tchernobyl, puis de la vache folle, de l'arsenic dans l'eau, des Témoins de Jéhovah. Puis sont arrivés les musulmans et, après 2001, si vous voyiez un Arabe qui avait fait le choix imprudent d'acheter un porte-documents Invicta, vous pouviez repartir avec un record à faire pleurer Usain Bolt.
Puis les immigrés sont arrivés, mais maintenant plus personne ne les emmerde parce qu'il y a le virus, la peste porcine et, comme si ça ne suffisait pas, une belle guerre. Mais nous ne nous contentons pas des propositions effrayantes du battage médiatique : nous en voulons plus ! Et aussi grâce au climat de terreur mondiale, nous nous débarrassons des phobies personnalisées qui nous frappent de mille coups : serpents, araignées, avions, maladies vénériennes, bactéries de toutes sortes, et bien d'autres choses effrayantes et ridicules que l'on justifie en disant « Désolé, c'est juste que j'ai une phobie! ».
Fiabafobia est une série d'histoires courtes qui explore les phobies qui nous accompagnent, parfois pendant toute une vie, parfois plus que des parents.